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Voiture électrique : Pourquoi la Chine domine le monde ?

article Le coup d'avance

La Chine s'est imposée comme le leader du marché de l'automobile électrique. Les constructeurs chinois font trembler les constructeurs européens et même américains. Cette domination n'est pas seulement tournée vers l'exportation puisque la Chine développe son marché intérieur à vitesse grand V. C'est tout simplement le plus gros marché mondial de la voiture électrique où les constructeurs chinois prennent de plus en plus deplace. On retrouve souvent l'idée que la Chine profite des économies d'échelle et du dumping qu'il soit économique et social. Ce n'est pas faux, c'est une méthode que l'on retrouve dans d'autres secteurs, mais il serait caricatural de limiter le succès chinois à ces deux leviers.


La Chine est un importateur de VE pas toujours visible

C'est là où le bât blesse. On parle des marques chinoises et des Suv que l'on a pu voir au dernier salon de Paris, mais de nombreux véhicules électriques occidentaux sont importés de Chine. Le deuxième importateur est Testla, suivi de Dacia et de Renault Group. Sur les 180 000 voitures importées de Chine, 46 % sont des voitures occidentales. Ce chiffre devrait baisser avec l'ouverture de l'usine Tesla de Berlin et les nouvelles lois sur le bonus écologique pour les voitures produites en Europe, mais aussi parce que les spécialistes s'attendent à une accélération de la production de voitures chinoises. Rien que cette année, l'exportation de voitures de marque chinoise a augmenté de 102 % sur la même période. Comment expliquer que la Chine soit autant en avance sur le marché du véhicule électrique ?

La Chine est importateur pas toujours visible

Véhicule électrique : la domination de la Chine, tout sauf un hasard

Pour être en avance sur un marché, il ne suffit pas de partir à point, mais de partir avant les autres. Et tout commence en Chine à la fin du XXe et au début du XXIe quand L'Empire du Milieu décide d'investir massivement dans les batteries lithium. Le pari est gagné et la plupart des constructeurs européens doivent faire appel à des consortiums géants chinois pour les fournir en batterie. La Chine devient une nouvelle fois, l'usine du monde, mais cette fois dans un secteur stratégique d'avenir. La dépendance des constructeurs occidentaux envers la Chine n'est même pas issue de la recherche des coûts les plus bas, mais bien d'un besoin d'une technologique que la Chine possédait et pouvait produire en masse.
Ensuite, on retrouve les « avantages » de la Chine dans une économie où l'éthique semble être uniquement destinée à habiller la communication des multinationales. La main d’œuvre, peu onéreuse, corvéable presque à merci puisque le droit du travail en Chine est pour le moins limité et peu respecté, tandis que les syndicats sont interdits. On peut aussi parler du droit environnemental qui est à des années-lumières des exigences européennes. Tout cela permet de produire pour moins cher des voitures électriques. Ce tableau n'est pas réjouissant, mais le monde de l'automobile n'est pas pire que celui du textile et de tout ce que l'on peut acheter à l'usine du monde. Si on veut un vrai  « made in France », c'est plus compliqué à moins d'avoir les moyens d'aller acheter sa Bugatti en Alsace. La Chine a su développer un savoir-faire innovant avant les autres tout en continuant à profiter de "ses points forts".

Chine, des avantages décisifs pour la voiture léectrique

Le développement du marché intérieur encouragé

Cette fois, la Chine n'est pas seulement orientée vers l'exportation, elle développe son marché intérieur : 3,52 millions de voitures électriques et hybrides rechargeables ont été achetées, ce qui représente une augmentation de 167,5 % par rapport à l'année précédente. C'est spectaculaire ! Leur part de marché atteint 13,4 % et, même, 19 % en décembre. On pourrait mettre ce succès sur la capacité du pouvoir Chinois à imposer ses choix à la population, mais l'ampleur de l'investissement dans les infrastructures a été colossale. En 2023, en Chine, 1,8 millions de bornes sont installées, faisans du pays le premier au monde.
Aujourd'hui, quand une voiture chinoise électrique vient en France, elle a été utilisée et éprouvée sur les routes du pays. De plus, l’argument sur le « made in china » de ses voitures ne peut pas être utilisé puisque beaucoup de constructeurs occidentaux font fabriquer leurs voitures. Tout n'est pas rose, loin de là, pour les véhicules électriques chinois comme le démontre Aiways qui n'est pas loin du gouffre, non pas à cause de ses véhicules, mais d'un changement à la tête du groupe et de ses comptes bloqués par l’État.

Les voitures électriques chinoises vont-elles conqurier le monde ?

Ce développement sur le marché intérieur est préoccupant pour le secteur électrique européen, car le jour où la Chine décidera d'une véritable offensive, le marché automobile occidental va devoir affronter des voitures qui ont été rodées et qui seront en plus adaptées aux goûts européens : on voit déjà certains modèles s'inspirer largement des voitures prestigieuses, ce qui est d'autant plus facile quand ils sont produits en Chine.

Peur de la concurrence chinoise ?

La réponse est oui, surtout à l'heure où les Européens essayent de retrouver leur indépendance en créant de gigantesques usines de batterie, presque 20 ans après les Chinois. Le bonus écologique en France, et dans d'autres pays européens, est conditionné au pays de production. Si c'est une réponse à Tesla, c'est aussi une façon de prévenir les constructeurs chinois qu'ils n'arriveront pas en territoire conquis.
Il faut dire que le monde de l'automobile se souvient encore de la gifle reçu dans les années 80 avec l'arrivée des constructeurs japonais qui ont tout balayé sur leur passage pour se faire une place durable aussi bien au US qu'en Europe. On sent que les constructeurs fourbissent leurs armes et se préparant à un nouveau choc entre l'ouest et l'est dans le monde de l'automobile.

Bill Ford, le PDG de la firme éponyme est clair :
Les entreprises chinoises se sont développées très rapidement, et elles les (NDLR les voitures électriques) ont développés à grande échelle. Et maintenant, elles les exportent. Elles ne sont pas encore là mais elles viendront ici, nous pensons qu’à un moment donné, nous devons être prêts, et nous nous préparons.

Publié le 29 Juin 2023