Parfois, nous aimerions vous écrire dans les années 20 où l'automobile ne s’envisageait que pour découvrir le monde ou simplement aller voir de l'autre côté de la vallée. L'insouciance, une nouvelle liberté et un monde nouveau qui s’annoçait.
Dans nos agences, nous avons vos sourires, les rires et le plaisir de partager avec vous le parc d'automobile d'occasion que des particuliers nous ont confié. C'est vrai qu'on pourrait fermer les yeux et se dire que tout va bien dans le monde de Mon Agence automobile.fr. Nos franchisés se portent bien, la demande est grande et vous êtes au rendez-vous. Pourtant, nous sommes des acteurs d'un monde automobile qui change, qui mute et qui en ce moment va mal. Pour les dizaines de milliers d'emplois en France et en Europe, les craintes sont en train de se transformer en réalité. Une étude vient tout juste de paraître et vient renforcer les peurs alors que la date butoir de 2035 est de plus en plus remise en cause et que les sanctions prévues par l'Union européenne sont dénoncées par la France et l'Allemagne.
La VDA annonce le pire dans un rapport annuel
La VDA, Verband Der Automobilindustrie, c'est l'Union de l'Industrie automobile allemande. Autant vous dire qu'elle a du poids dans le monde de l'automobile, de par la puissance de son industrie, mais aussi par la justesse de ses analyses. Parfois, vous l'avez lu dans nos actualités, on se moque un peu des constructeurs qui jouent les Cassandre pour amadouer les États, convaincre l'UE et raconter un storytelling léché aux consommateurs. La VDA ne mange pas de ce pain-là et parle assez justement de l'avenir de l'automobile, même si ses intérêts ne sont jamais loin.
Quand elle emploie le conditionnel pour parler de plus de 190 000 emplois détruits dans l’industrie automobile d'ici 2035, tous les spécialistes admettent que c'est un horizon possible dont l'esquisse se dessine déjà avec de nombreux plans de licenciements et de fermeture d'usine : Stellentis a annoncé 250 emplois supprimés à Rennes et 1 100 au US. Nissan, il y a cinq jours, annonçait un plan de restructuration qui doit détruire 9 000 emplois dans le monde. Volkswagen va encore plus loin avec une annonce qui a fait grand bruit : 30 000 postes supprimés pour réaliser une économie de 4 milliards. On ne parle pas de retraite anticipée, mais de fermetures de trois usines et de délocalisation de certaines de ses activités allemandes. On pourrait vous parler de toute la branche avec des fournisseurs qui, eux aussi commencent, à se séparer du personnel comme Michelin dernièrement. C'est un jeu de dominos apocalyptique dont l'onde de choc peut faire trembler l'économie européenne.
Une destruction créatrice ?
Ce concept nous vient d'un économiste autrichien hétérodoxe Joseph Schumpeter. Son idée est relativement simple : une innovation va supplanter une technologie en la rendant obsolète. Les entreprises vont devoir s'adapter ou mourir. C'est la phase de destruction qui va amener la création d'emplois pour produire cette nouvelle technologie. Le principe est assez simple : la voiture a détruit les emplois des cochers, mais aussi des fabricants de calèche et toute une chaîne de valeur. Par contre, l'industrie automobile emploie des milliers de personnes. Vous l'aurez compris, cette destruction attendue est due à l’émergence de la voiture électrique qui devrait créer de nouveaux emplois. Cette théorie au 21e siècle ne dit pas que les emplois peuvent être délocalisés à l'autre bout du monde et quand bien même seront-ils remplacés par d'autres, les qualifications requises ne seront pas les mêmes. Et comme souvent, ce sont les salariés les moins qualifiés qui vont rester sur le carreau.
Pourtant, la présidente du VDA, Hildegard Müller, semble défendre cette théorie économique qui n'a jamais été démontrée sur le court terme. Elle évoque une transformation plutôt qu'une crise et met en avant l'importance de l'intervention de l’État pour que cette baisse de l'emploi se face en douceur. Si on lit entre les lignes, la destruction d'emploi est inéluctable. Le VDA ne perd pas le Nord et met un coup de pression sur le législateur. Pourtant, on peut vraiment se demander si la crise n'est pas plus profonde et pour utiliser un terme à la mode systémique, mettant en danger l'industrie automobile européenne. Une Mercedes électrique construite en Chine est-elle encore allemande d'un point de vue économique ? Vaste débat !
La voiture électrique et le déclin de l’industrie automobile en Europe ?
Si chacun met en exergue la puissance de la Chine, il ne faut pas oublier que les constructeurs chinois et le pouvoir chinois ont tout de suite vu dans la voiture électrique l'occasion de prendre le pas sur les constructeurs occidentaux. On retrouve le discours des années 80 des constructeurs face à l'arrivée des marques japonaises : mauvaise qualité, pas de savoir-faire, pas d'innovation, etc. La réalité aujourd'hui c'est que sur deux ou quatre roues, le Japon a su s'imposer en démontrant son savoir-faire. La Chine fait exactement la même chose, en profitant d'un chèque en blanc de l’État chinois. Son omnipotence sur le marché de la batterie en est la démonstration. Les usines ultra-modernes des constructeurs, l'avantage du coût de la main d’œuvre et les aides de l’État font du véhicule chinois un concurrent imbattable.
Pour l'instant, le consommateur européen a encore des réticences sur la qualité, mais on peut voir dans nos rues, de plus en plus de ces modèles. L'augmentation des taxes sur l'import pourrait même être absorbée par les constructeurs chinois qui vont jouer sur le volume plutôt que sur le prix afin de s'installer définitivement dans le paysage automobile. N'oublions pas l'exemple du Japon qui a démontré comme la suffisance des constructeurs occidentaux est une faiblesse avec l'exemple de Toyota premier constructeur mondial.
Aujourd'hui, la suffisance n'est plus de rigueur, mais qui croyait à la voiture électrique chinoise bruyante, il y a quelques années ? On peut ajouter un facteur déterminant avec l'élection de Donald Trump qui a fait du protectionnisme l'axe principal de son « nouveau » programme. Le marché US va être encore plus difficile d’accès si le nouveau Président américain va au bout de ce qu'il a annoncé. Déjà, le gouvernement allemand ne cesse de montrer des signes d’allégeances afin d'amadouer la bête.
La question est simple et pas forcément celle que l'on croit : la question n'est pas de sauver des constructeurs dont la nationalité tient plus de l'histoire que du présent, mais bel et bien de trouver une solution pour sauver l'industrie automobile et ses emplois en Europe.