La voiture électrique,VE, est censée être le Graal du monde futur mais, aussi, celui du pouvoir d'achat de ses acquéreurs. D'une part, les vertus écolos du véhicule électrique sont quand même à nuancer lorsqu'on prend l'ensemble de la chaîne de production et d'autre part, qu'en est-il des économies promises avec l'explosion des prix de l'électricité ? Les dernières vacances ont mis en lumière une problématique, pas vraiment inattendue, sur le nombre de bornes disponibles par rapport à la croissance à deux chiffres des ventes de VE en France. Nous vous proposons donc de faire le point sur le VE après un été 2022 de tous les cataclysmes. On peut poser cette question, sans doute un peu piquante, mais est-ce que cela vaut vraiment le coup d'acheter un véhicule électrique ?
Voiture électrique : pas loin du Borne Out ?
Les retours des propriétaires de VE sur leurs vacances à l'énergie électrique sont mitigés mais plutôt bons. Soyons honnêtes, beaucoup attendaient le chaos, mais la réalité est plus nuancée, pour ne pas dire plus positives que prévues. En réalité, posséder un VE, c'est aussi savoir que tout ne sera pas simple. Alors, ce qui peut paraître insupportable, voire insurmontable pour un automobiliste lambda sera plus facilement accepté par un conducteur de véhicule électrique. Objectivement, il n'y a pas assez de bornes électriques pour les grands départs et les chassés-croisés. Là, c'est certain que si vous cherchez une borne, vous allez devoir attendre un certain temps pour brancher votre voiture. Pourtant, les opérateurs ont essayé de compter sur le civisme de leurs clients en les invitant à faire le choix des charges rapides, moins longues et favorisant ainsi la rotation sur les stations de bornes électriques. La réalité, c'est que l'attente devant les bornes fait qu'une fois qu'on est enfin en recharge, on ne lâche pas sans avoir rempli ses batteries. Certains opérateurs, comme Testla, ont même limité les recharges à 80 % pour fluidifier le trafic.Dans l’ensemble, il est toujours plus contraignant de faire de longs voyages en VE surtout durant les périodes surchargées de l'été. Quand bien même, faire le choix du VE, c'est aussi prendre en compte le fait que le développement des bornes électriques n'est pas encore abouti, mais qu'il est croissant.
L'idée n’est pas d'être anti ou pro VE, mais d'être juste. On constate que beaucoup d'acteurs comme les centre commerciaux, les infrastructures publics, et certains commerces installent de façon un peu erratique leurs propres bornes. Cela crée un vrai bol d'air frais pour la recharge. La seule problématique, c'est qu'on constate qu'on est loin de la qualité des opérateurs spécialisés. Elles peuvent être en panne, pas adaptées, mal indiquées, etc. On pourrait donc inscrire sur le bulletin de notes des bornes de recharge « des efforts, mais doit et peut mieux faire ».
Voiture électrique : le prix à la borne impacté
Si le coût d'une recharge électrique reste nettement plus économique qu'un plein à la pompe et ce, malgré le plan du gouvernement, elle va nettement augmenter. C'est assez simple à comprendre. Le coût de l’électricité augmente de façon significative pour différentes raisons. Aussi complexe que cela puisse paraître, la réalité est simple : la demande est toujours aussi forte et l'offre est moins importante. La crainte que cette offre soit encore moins importante fait que le marché est encore plus tendu et que les prix explosent sur les marchés.
On parle beaucoup de la guerre en Ukraine, mais le parc nucléaire français fonctionne à 50 % de sa capacité à cause de 32 réacteurs nucléaires, sur 56 au total, qui sont en maintenance. (NDLR, durant l'écriture de cet article, EDF a annoncé le retour accéléré des réacteurs d'ici l'hiver).
La production est donc sensiblement touchée et, évidemment, les énergies renouvelables ne peuvent pas reprendre le relais. La production d’électricité peut aussi se faire par gaz mais, là, la Russie a coupé l'approvisionnement. On peut aussi penser aux centrales électriques, mais avec la sécheresse, la production est limitée. Le résultat, c'est que nous sommes passés d'exportateur à importateur au pire des moments possibles. Nous devons acheter à un prix exorbitant de l'électricité à nos voisins qui utilisent surtout le gaz pour le produire : le cercle vicieux est bouclé. Néanmoins, si EDF parvient à relancer tous les réacteurs d'ici l'hiver, le cercle pourrait être brisé et même inversé...
Les voitures électriques gardent l'avantage, même si...
Pendant ce temps, les Français ont besoin d'électricité à titre individuel et professionnel. Immanquablement, les prix augmentent. Cet été, le coût du mégawattheure a franchi la barre record de 1 000 euros. Il y a un an, il était de 85 euros.
En France, le gouvernement a décidé de mettre en place un bouclier tarifaire pour protéger, autant que faire ce peu, les Français. Il semblait qu'il devait disparaître en 2023, mais le gouvernement a décidé de le prolonger, en espérant que 2023 permette de retrouver des cours normaux. Là encore, comme sur la route, il faut penser collectif : une baisse de 30 centimes sur le litre peut nous paraître ridicule quand on est à la pompe, mais il faut sortir le nez de son réservoir et penser que, collectivement, c'est un effort conséquent pour tout le pays. En effet, cette mesure coûte, tout de même, 24 milliards d'euros aux contribuables, soit la moité du budget de l’Education Nationale. Cet effort sur l'énergie devrait éviter une augmentation pouvant aller jusqu’à 40 % pour l’électricité, mais, cela n’empêchera pas une augmentation significative à la borne. On a noté chez certains opérateurs, une augmentation de 10 centimes en un mois.
L'augmentation devra suivre le cours de l'électricité, mais nous vous conseillons de vérifier les prix à la borne et les abonnements proposés. Les plus gros acteurs tentent d'encaisser l'augmentation pour proposer des prix plus attractifs et faire tomber les plus petits d'entre eux qui n'ont pas les moyens de jouer sur les marges. Cela paraît assez fantaisiste : le secteur est encore en plein développement, la guerre se joue sur la présence sur le terrain et pas encore sur les prix. Très clairement, pour éviter de payer le prix fort à la borne, il faudra compter sur le maintien du bouclier tarifaire et cela également pour les voitures hybrides.
Quoi qu'il en soit, l'électricité sera toujours moins cher que le pétrole !