En 1990, on vivait déjà une époque formidable et il faut croire que cette époque n'est pas révolue. Il y a l'ancien monde que certains veulent réduire à sa part d'ombre qui rencontre le nouveau monde espéré, souvent fantasmé, qui exige une nouvelle façon d'appréhender les problématiques. Évidemment, après un été 2022 que la reine d’Angleterre pourrait qualifier d’annus horribilis, seule une autruche, la tête dans le sable, pourrait nier les effets du réchauffement climatique. Pourtant, on peut quand même encore s'amuser de certaines mesures de la Loi climat 2021 qui paraissent aussi candides que paradoxales : par exemple, le fait d'exiger des assistants de déplacements de proposer des chemins plus longs et, en plus, croire que les utilisateurs vont adhérer... Dans le même temps, cette mesure impose aussi à ces assistants de donner des informations qui vont dans le sens d'une certaine pédagogie.
Nom de code : Décret 2022-1119 Loi Climat 2022
Le décret est passé au Journal Officiel le 5 août 2022 devenant, de fait, efficient pour les entreprises concernées. Son objectif est
« d'accompagner, d'une part, la transition des usages vers une mobilité décarbonée, en agissant, notamment, sur les services numériques d'assistance aux déplacements, et d'autre part, à réguler les externalités négatives de l'usage de ces services numériques ».
Autrement dit, les applications qui nous servent de GPS sont toutes concernées. Les deux mastodontes sont le plus souvent cités, mais si vous utilisez un autre outil numérique, il sera lui aussi dans l'obligation de suivre les nouvelles mesures que vous trouverez ci-dessous. Nous pouvons les classer en deux grandes familles : les messages pour la sensibilisation et des changements dans les trajets proposés.
Les messages de sensibilisation pour les automobilistes
Vous allez retrouver, sans doute avec joie, les messages qui ont commencé à apparaître sur les publicités des constructeurs automobiles, depuis le printemps, directement sur vos applications :
- Pour les trajets courts, privilégiez la marche ou le vélo,
- Pensez à covoiturer
- Passer de 130 km/h à 110 km/h sur autoroute réduit votre consommation de 20 %
Est-ce que c'est efficace ? C'est le principe de la publicité et, avant elle, de la propagande. Répétez le même message pour qu'ils se gravent, dans notre cerveau, pour devenir un sorte de réflexe. Ce n’est rien d'autre que du conditionnement et la multiplication des supports pour cibler encore mieux le message va dans ce sens. Oui, cela fonctionne, comme la propagande fonctionne et comme la publicité fonctionne. Sauf que, dans ce cas-là, c'est pour une cause assez juste, non ? On note aussi une certaine hypocrisie des pouvoirs publics qui, ne pouvant passer les autoroutes à 110 km/h pour des raisons évidentes de paix publique, se rappellent soudainement du concept de responsabilité individuelle... Sauf qu'en 2022, croire que les automobilistes vont rouler à 110 pour l’intérêt général, c'est presque touchant.
Les législateurs sont cléments et demandent que les messages soient visibles le plus rapidement possible sans donner de dates butoirs...
Et si vous préfériez le bus ?
Les applications vont devoir vous suggérer les solutions alternatives à l'utilisation de votre véhicule. Là, c'est plutôt une bonne idée de centraliser toutes les solutions au même endroit. Dès le mois de décembre, les utilisateurs recevront les informations suivantes :
- Les transports en commun disponibles pour le trajet demandé
- Les aires de covoiturages
- Les lieux pour le stationnement.
- Les pistes cyclables
- les zones Crit'Air
En décembre 2023, votre application va accueillir toutes les informations sur les mobilités douces qui peuvent remplacer l'utilisation de la voiture. Évidemment, cela ne prendra pas en compte votre besoin d'un coffre pour mettre les courses ou votre matériel pro.
On trouvera donc dans un an :
- Les bornes de partages de véhicules
- Les vélos, trottinettes scooters électriques, etc. en libre usage
Tout cela paraît une bonne chose, mais les applications vont devoir être inventives pour que toutes ces informations ne viennent pas saturer l'écran des utilisateurs.
Les émissions polluantes de votre trajet
Pour les écolos qui prennent le train, c'est une information qui est déjà précisée à l'aide d'un comparateur qui montre la dépense carbone économisée en prenant le train. Pour les assistants aux déplacements, il sera obligatoire d'indiquer le coût pour l’environnement en précisant l'émission du C02, les autres pollutions et les particules fines. Là encore, on est dans la pédagogie mais, pour que cela soit plus concluant, les solutions alternatives doivent être à la hauteur.
Les mesures qui vont changer vos trajets
L’objectif de cette loi est aussi de lutter contre le problème « Waze ». Imaginez-vous vivre dans une petite rue, tout à fait agréable, calme et sereine. Imaginez que l'IA de Waze la sélectionne car elle permet de gagner du temps sur un trajet déterminé. Votre rue se transforme en boulevard et devient même parfois le lieu d'embouteillages.
Limiter les trajets secondaires
Afin de limiter les dommages collatéraux pour les riverains, les applications ne pourront plus proposer d'itinéraires secondaires si le temps gagné par l'usager est inférieur à 10 % du trajet classique.
Sus aux routes à 110 et 130 km/h
C'est sans doute la mesure qui fait le plus jaser, car elle demande aux acteurs du marché de travailler à contre-emploi. En effet, pour tous les trajets proposant un passage sur une route ou autoroutes limitées à 110 ou 130, l'appli devra proposée un trajet alternatif où la vitesse sera moins élevée... L'idée est simplement de limiter l'impact des déplacements en tenant compte de la corrélation vitesse/pollution. Alors, allez-vous faire le choix de perdre du temps pour limiter la pollution de vos déplacements?