Les caisses de l’État sont vides. Selon votre âge, cela peut être la première fois que vous entendez énoncer cette problématique ou la 1000e fois si vous n'êtes plus un lapin de trois semaines. En tout cas, c'est le leitmotiv du nouveau gouvernement qui veut réduire la dette, cela va de soi, drastiquement. Finalement, peu importe le flacon du moment que les automobilistes paient l’addition ? Tout le monde a bien compris que le monde de l'automobile allait devoir passer à la caisse afin de participer à ce qui ressemble à un effort national : l’enveloppe dédiée à la transition verte de l'auto passera de 1,5 milliard à 1 milliard d'euros. Le monde de l'automobile, c'est toute la partie business, mais c'est aussi vous les automobilistes.
Pourquoi des économies demandées aux automobilistes ?
Cette fiscalité automobile fait partie de ce qu'on appelle dans le lyrisme administratif : le PLF. C'est le Projet de loi de Finances. Ce dernier examine, analyse et tranche dans les dépenses et les recettes. La fiscalité de l'automobile est une grande pourvoyeuse de fond pour la nation, mais on oublie souvent qu'elle représente également un coût... C'est malheureux, mais il faut le rappeler : rien n'est gratuit : une prime pour acheter une voiture, le leasing social, les aides aux constructeurs, le chèque carburant anti-inflation, etc. sont autant de dépenses qui viennent grossir la dette. Le monde automobile au sens large va passer à la caisse parce que le secteur, offre et demande, est largement subventionné que ce soit la demande ou l'offre. La seule précision, largement soulignée par le gouvernement, c'est le montant de l'économie minium attendu : un milliard d'euros. Pour les certitudes, il faudra attendre le vote du budget, mais comme souvent, les législateurs lancent des bouteilles à la mer, histoire de voir les réactions. Et à la la vue des équilibres politiques de la nouvelle Assemblée nationale, il est difficile de dire à quelle sauce idéologique sera cuisiné l’intérêt général, alors celui des automobilistes...
La fin de la prime à la reconversion
C'est une piste qui revient avec assez d’insistance pour que l'on y prête attention. Si cette prime ne vous dit rien, c'est peut-être parce qu'elle a changé de nom. En effet, c'est l'ancienne prime à la casse. Le principe est simple : en mettant son ancienne voiture à la casse pour acquérir un nouveau véhicule moins polluant, l'acheteur profitait d'une prime pouvant atteindre les 5 000 euros. C'est loin d'être un détail dans une période où il n'y a pas que l’État qui se serre la ceinture. L'objectif de la prime à la reconversion est de limiter la pollution du parc automobile français en motivant le renouvellement pour atteindre ses engagements environnementaux. Pour une fois, nous devrions retrouver les écologistes et les constructeurs main dans la main pour s'insurger contre la fin de cette prime. A voir donc, si le gouvernement cède ou pas.
La baisse des aides pour l'hybride et l'électrique
C'est toujours plus facile d'avoir un jugement à l’emporte-pièce, mais on peut dire tout de même que le prix des voitures à zéro émission est très élevé pour la plupart des foyers français alors que les questions sur les bornes et l'autonomie laissent le doute s'immiscer. C'est un fait. Les aides sont un levier important pour encourager à la transition. D'un autre côté, malgré les aides, les ventes de voitures électriques connaissent une baisse substantielle, même si on en septembre, les hybrides ont dépassé les ventes de voiture essence. Est-ce que l'on peut dire que les ménages ayant la possibilité de faire cette transition en bénéficiant des aides ont déjà profité et quelles sont devenues marginales pour passer à un acte d'achat ? Est-ce simplement une pause dans la transition qui répond à une grande instabilité économique ? Le gouvernement compte réduire la voilure.
Pour les constructeurs, c'est évidemment une erreur, car ils ne pourront plus utiliser les bonus comme un argument commercial. Pour les acheteurs, c'est un véritable frein. A priori, ce choix devrait impacter négativement l'achat de voiture électrique, malgré les justifications politiques ; en effet, selon le porte-parole, la baisse du coût des matières premières et les évolutions technologiques des batteries vont pousser mécaniquement les prix vers le bas. On reste sceptique ; le gouvernement s'appuie sur une comparaison pour le moins audacieuse. En comparant les années 2021 et 2024 pour parler des chiffres de vente des VE, on obtient 20 % de ventes supplémentaires alors qu'en 2024, la chute des ventes est vertigineuse. Pour le bonus à l’achat, il pourrait passer à 3 000 euros au lieu des 5 000 aujourd'hui.
Déjà la fin du leasing social ?
Le leasing social a cartonné l'année dernière, mais il serait déjà menacé, victime de son attrait. C'est intéressant puisque lorsqu'on donne l’opportunité aux classes populaires de pouvoir acheter une voiture électrique, c'est un vrai succès. Et en même temps, on paupérise le produit et de fait, on fait le lit du VE chinois. C’est le même principe que pour le textile ; les consommateurs sont tellement habitués à payer un minimum les vêtements made in Asia qu'ils vont trouver trop cher un produit fait en France. Le leasing social a ses défenseurs, mais sur le long terme, il peut nuire à la voiture électrique d'entrée de gamme. Le leasing social pourrait disparaître ou être largement raboté, ce qui va créer encore des remous.
Haro sur les avantages en nature ?
Les voitures de fonction risquent de coûter sensiblement plus cher puisque l’État penserait à augmenter leur part dans le calcul des avantages en nature ; elles passeraient de 30 à 50 % ! L'idée est de pousser à la transition en tapant sur le thermique et notamment sur le diesel. Nul doute que certains métiers pourraient même y trouver avantage pour ceux travaillant dans les centres-villes et faisant moins d'une centaine de km par jour, mais que dire aux commerciaux qui seront handicapés par l'autonomie encore trop faible des VE standards ? C'est une double peine parce que cette mesure va venir grever les bilans des entreprises et les avantages des salariés.