Une information qui aurait dû faire beaucoup de bruit est passée sans faire de vagues au cœur d'une actualité pour le moins chargée. Pauline Deroulède a annoncé que des mesures mettant fin au permis de conduire à vie pourrait être prise dès le mois de juillet 2023. Ne cherchez pas ce nom dans l'annuaire de l'Assemblée nationale, c'est une combattante qui fait du lobbying auprès des politiques pour qu'ils votent une loi sur le contrôle de l'aptitude à la conduite.
Le permis de conduire des seniors serait donc conditionné à un examen médical dont la récurrence dépendrait de l'âge. Cette idée de loi est souvent présentée ainsi, peut-être pour que cela soit plus digeste pour les automobilistes français, mais en allant plus loin, on s’aperçoit que Pauline Deroulède et son collectif milite pour des tests d'aptitudes à la conduite pour tous.
On vous explique les raisons qui pourraient conduire à un changement fondamental de paradigme du permis de conduire. Tout commence par un drame et une prise de conscience.
Pauline Deroulède : l'accident, un combat et la victoire ?
Alors qu'elle était stationnée sur son scooter, attendant son amie partie chercher des fleurs, Pauline Derouléde est fauchée par une voiture et projetée à plusieurs mètres. Elle y laissera sa jambe droite et passera des mois à l’hôpital, sans parler du traumatisme psychologique. En apprenant que l'auteur de l'accident est un homme de 92 ans, ayant confondu la pédale de frein et l’accélérateur, elle prend conscience qu'en France, le permis de conduire est octroyé à vie, sauf retrait, sans prendre en compte la santé des conducteurs.
Pauline est une battante : elle est membre de l’équipe de France de tennis en fauteuil avec en point de mire les JO de Paris 2024. En parallèle, elle mène son combat pour une visite médicale obligatoire pour les automobilistes. Il y a quelques mois, elle lançait une campagne de prévention et faisait le tour des plateaux de télévision et de radio. Son témoignage poignant et son combat pouvaient faire réfléchir : comme souvent, une idée simple mettait en exergue une kyrielle de problématiques et des politiques ne souhaitant pas s’aliéner des électeurs votant plus que la moyenne nationale. Finalement, les spécialistes s’attendaient à un statut quo et une mesure repoussée aux calendes grecques. C’est donc avec une certaine incrédulité que l'information glissée par Pauline Derouléde a été entendue.
Pourquoi imposer des visites médicales ?
C'est une loi de sécurité routière dont les conséquences sociales sont loin d'être anodines. Les seniors qui conduisent le font rarement pour le plaisir. C'est un moyen pour eux de vivre normalement et de conserver un lien social. Interdire à un senior de conduire peut avoir des conséquences sur sa capacité à prendre soin de lui. Comment allez chez le médecin, faire les courses, visiter sa famille, ses amis ? C'est d'autant plus vrai à la campagne, dans les déserts médicaux, etc. Les agences Mon Agence Automobile.fr sont ancrées dans les territoires et nous sommes bien placés pour savoir que sans voiture, il est très difficile d'avoir une vie normale dans les zones rurales et même périurbaine. Les transports en commun ne sont pas assez développés et pas forcément adaptés à un public de plus de seniors. Quand on parle de voitures pour les seniors, on parle d'autonomie.
Des statistiques trompeuses
Lorsqu’on regarde les statistiques des accidents de la route, il est évident que les jeunes conducteurs sont, malheureusement, plus impliqués, dans les accidents mortels que les personnes âgées. Dans le même temps, lorsqu'une personne de plus de 75 ans a un accident, elle est responsable dans 82 % des cas. Il serait nécessaire d’étudier les causes d'accident en les corrélant à l'âge. Intuitivement, on sait que la vue, l’ouïe et les réflexes ont tendance à baisser avec l'âge, mais on sait aussi que certains comportements sur la route viennent réduire les aptitudes même si elles sont encore à leur apogée.
Un contrôle des aptitudes toujours plus récurent ?
Le contrôle serait basé sur la capacité physique à conduire. Il n'est pas question d'un test inopiné sur le code de la route, mais d'un contrôle meédical permettrait de surveiller la vue, l’ouïe et les réflexes des automobilistes. L'objectif est de vérifier qu'ils sont capables de conduire sans être un danger pour eux-même ou les autres usagers de la route.
Ces contrôles seraient de plus en plus récurrents selon l'âge de l’automobiliste. Le collectif souhaite un contrôle tous les cinq ans à partir de 65 ans, tous les deux ans pour les plus de 70 ans et un contrôle par an pour les 80 ans et plus, Si la presse se focalise sur les seniors,, la proposition de Pauline Deroulède, et son collectif, concerne l'ensemble des détenteurs d'un permis de conduire.
Des contrôles d'aptitudes à la conduite pour tous ?
C'est l'objectif de son combat et cela permet de le rendre encore plus légitime. En effet, contrôler une partie de la population qui n'est statistiquement pas la plus dangereuse sur les routes peut paraître injuste, sans compter que les aptitudes à conduire peuvent se dégrader bien avant l'âge de 65 ans...
Selon Pauline Deroulède, le gouvernement travaillerait sur le sujet. Des annonces seraient faites à l'été 2023. A priori, les seniors seraient les premiers concernés avec un argument qui devrait être rabâché à satiété ; seul l'Allemagne et la Pologne n'ont pas de législation à ce propos dans toute l'Union européenne. Tout cela est à prendre au conditionnel, sachant que l'info peut aussi être un « coup de pression » sur le législateur ou, alors, ce dernier laisse flitrer l'information pour tester l'opinion : les individus sont plutôt favorables tant qu'ils ne sont pas concernés.