Testées à petite échelle l'année dernière, les voitures privées dotées d'un radar vont passer à la vitesse supérieure. Elles étaient 83 en 2020, on devrait en compter 226 en 2021. La communication sur cette nouvelle arme de la sécurité routière est plus que discrète. Le sujet fâche et il est loin de faire l'unanimité. On vous dit tout ce qu'il faut savoir sur les voitures radars privées !
Pourquoi utiliser ce système de contrôle ?
Pour l'État, c'est une solution pour libérer les forces de l'ordre d'une mission chronophage pour les redéployer sur des missions plus urgentes. En moyenne, la police passe 1 h 30 par jour à surveiller ou contrôler les excès de vitesse. Les voitures radars privées resteront 5 h 30 sur l'asphalte et elles vont donc mathématiquement attraper plus de contrevenants. Évidemment, on peut y voir l'aspect « pompe à fric », mais il ne faut pas oublier que la vitesse est en cause dans un accident grave sur trois.
Des voitures vraiment privées ?
On peut être étonné de voir cette mission régalienne confiée à des conducteurs privés. Il faut préciser que le terme "voiture privée" est galvaudé. En effet, les radars ne sont pas distribués à des particuliers soucieux du respect des limites de vitesse ou à la recherche d'un revenu complémentaire, mais à des entreprises privées mandatées par l'État. Elles ont des obligations, un cadre légal pour opérer sur les routes françaises. La lettre de mission est limpide : détecter, sans flash visible et en roulant, tous les véhicules en excès de vitesse. Une entreprise, dont nous tairons le nom, recrute à tour de bras. Elle cherche des conducteurs capables de rouler 5 h 30 par jour avec 10 points minimum sur son permis, un casier judiciaire vierge et si possible une expérience de conduite professionnelle. Les grandes villes font déjà appel à des sociétés privées pour les stationnements qui ont remplacé les fameuses Pervenches ou qui gèrent la fourrière. Elles ont toutes en commun de cultiver la discrétion et de refuser la communication. Même les annonces d'emplois n'annoncent pas la couleur avec à la clé un joli euphémisme : réaliser des parcours de tournées demandées, en respectant très précisément les itinéraires confiés.
Un équipement discret, un radar sans flash
Nous pourrions parler de la sournoiserie de cette méthode, mais nous préférons vous laisser juger. La voiture, en elle-même, ne peut être détectée et c'est bien le principe. De la citadine à la berline, toutes les solutions sont possibles parce que le système est assez compact pour s'adapter à toutes les tailles de véhicules. Ce dernier est constitué d'un radar à l'avant et à l'arrière. C'est un radar sans flash, ce qui fait que les contrevenants ne sauront qu'ils sont en excès de vitesse qu'entre 15 jours et un mois après avoir été pris en faute. Il se déclenche à partir de 10 km/h en plus de la vitesse autorisée ou 10 % au-delà de 100 km/h.
Le seul moyen pour les détecter est d'apercevoir sur le tableau bord un boîtier. Évidemment, il y a déjà des sites qui promettent de les identifier et de les signaler, photos à l'appui. C'est peu crédible et il faut savoir que les photos sont sans garantie. Avec ce système, aucune application ou site ne pourra localiser avec précision les voitures, même si certains peuvent le promettre. De surcroît, le système peut être facilement adapté à de nouvelles voitures si l'une d'entre-elles est repérée.
Où risque-t-on de les croiser ?
Les voitures radars privées vont circuler dans huit régions : Bretagne, Nouvelle-Aquitaine, Bourgogne-Franche-Comté, Hauts de France, Grand Est, Centre Val-de-Loire, ainsi que sur celles de Normandie et des Pays de la Loire. Nous les retrouverons aussi bien en ville que sur les départementales et les autoroutes. Évidemment, les plans de circulation vont changer régulièrement et sur 5h30, un conducteur peut aller très loin ou tourner en boucles sur des endroits stratégiques. On imagine, sans certitude, que les entreprises privées vont aller dans les endroits à potentiels, même si les zones accidentogènes ne devraient pas être oubliées.
Faut-il craindre les dérives ?
La réponse paraît assez évidente. Une entreprise privée est une entité dont l'objectif est la pérennité et la croissance. Les entreprises qui sont mandatées par l'État ont le même objectif qui peut être pondéré par la législation. Elles sont assujetties à un rôle de mandataire et doivent suivre une charte très précise pour garder la délégation. Cela est censé protéger le grand public des dérives. Cela existe pour le contrôle technique par exemple. Le fait que, cette fois, cela touche le sujet brûlant des excès de vitesse peut inquiéter. En effet, on peut imaginer un employé zélé se caler tranquille à 75 km au régulateur sur une ligne droite avec visibilité. Le genre de route que tout le monde connaît et où tout le monde va doubler celui qui lambine. Là, on passerait d'une surveillance légitime de la circulation à la création pure et simple d'une situation incitant à doubler et donc enfreindre la limitation.... Les entreprises se sont engagées à ne pas offrir de primes sur l'efficacité de leurs maraudes...