Dans les actus d'octobre, nous avions commencé à vous préparer à une onde de choc qui risque d'être massive et violente pour le marché des voitures neuves en France. Le Sénat vient de divulguer un rapport qui n'est pas piqué des hannetons comme on disait dans le temps d'avant. Pour le temps d'aujourd'hui, on peut vous dire qu'acheter une voiture neuve avant la fin de l'année peut vous permettre de faire des économies substantielles, car en 2024, les malus vont frapper fort au porte-monnaie. En blindant les malus et en faisant tout pour que les acheteurs de véhicules neufs se tournent vers le zéro émission, le gouvernement a laissé un trou béant dans la raquette où s'engouffrent des véhicules bien polluants et bien encombrants...
Malus 2024 : des évolutions significatives
Pour ceux qui n'ont pas suivi et pour ceux, et on les comprend, qui n'ont pas voulu affronter les chiffres, voici un petit rappel des évolutions du malus 2024. En 2023, le malus sur les émissions de CO2 débutait dès les 123 gr/km. L'année prochaine, ce sera à partir de 118gr/km. Si vous pensez que la différence est minime, vous allez constater avec le rapport du Sénat que c'est un coup de filet magistral sur le parc automobile hexagonal. Pour le malus au poids, l'évolution n'est que de 200 kg passant de 1 600 à 1 800 kg, mais là encore, le malus va concerner beaucoup plus de modèles. Le malus maximum pour les émissions de C02 passe de 50 000 euros à 60 000 euros. L'une des modifications de la loi, qui aura des conséquences radicales, est la suppression totale du plafond de malus maximal. Jusqu'alors, le plafond était à 50 000 euros. Vous allez voir que sans limite, il peut atteindre des sommets et dépasser même le prix d'achat du véhicule qu'il concerne.
Malus 2024 : le rapport du Sénat qui fait mal
Jean-François Husson, sénateur et rapporteur général de la commission des finances, est à l'origine de ce rapport qui a le mérite d'être loin de toute idéologie puisqu'il présente des chiffres et, plus particulièrement, les effets des nouveaux malus 2024 sur le parc automobile.
- En 2023, 37,5% des véhicules neufs vendus en France étaient soumis au malus CO2
- En 2024, ce sera 42% de ces mêmes véhicules, soit une augmentation de 78,2% depuis 2021.
Le rapport détaille les chiffres par tranche de malus et l'augmentation depuis 2022 :
- 17,5% des acheteurs de véhicules neufs paieront un malus compris entre 50 et 240 euros en 2024 pour 17,3% en 2022,
- 13,7% un malus compris entre 260 et 740 euros contre 9,7% en 2022.
- 7,5% un malus entre 818 et 1761 euros contre 4,7% en 2022.
- 3,6% un malus de 1901 euros et plus alors qu'ils étaient 2,4 % en 2022.
Le Sénat a également sorti la calculette pour le malus au poids. Ce dernier est particulièrement impactant et pourrait même sonner le glas de la commercialisation de certains modèles en France.
L'année dernière, seulement 2% des modèles neufs vendus devaient payer le malus sur le poids alors qu'en 2024, le chiffre pourrait s'élever à 10%. Le nombre de voitures concernées s'envolent tout simplement parce que le malus commençait à 1800 kg l'année dernière et qu'en 2024, ce sera 1 600 kg, mais aussi parce qu'il a été tout simplement déplafonné. Dans le monde de la fiscalité, déplafonné, c'est jamais bon signe. Une voiture de 2 200 kg va connaître une augmentation du malus au poids de 261,3% soit un passage de 4 000 euros en 2023 à 14 555 euros l'année prochaine. Il y a pire comme nous l'évoquions dans nos actualités automobiles mensuelles : nos craintes sont avérées par le rapport du Sénat qui démontre que certaines voitures pourront prétendre à un malus de 90 000 euros, soit pour certaines, un malus deux fois plus élevé que le prix à la vente !
Le trou dans la raquette du Malus 2024 : les pick-up
Nous n'avons rien contre eux et vous trouverez même des pick-up d’occasion disponibles dans nos agences et sur notre site. Alors, pourquoi les montrer du doigt, comme s’ils étaient de vulgaires SUV ? Et bien parce que cela permet de mettre en lumière la difficulté de concevoir une mesure cohérente quand la complexité de la législation peut laisser des trous béants. Allez expliquer à l'acheteur d'une petite citadine qu'il devra payer un malus alors que s'il achète un pick-up, il n'en sera rien, c'est créer une problématique qui n'a pas lieu d'être. Et pourtant, elle existe bel et bien puisque seulement 2 % des pick-up sont considérés comme des véhicules de tourisme.
Et le tour de passe-passe est à deux étages : tout d'abord, certains constructeurs, 98 % des modèles vendus quand même, déclarent leurs pick-up comme des camions. Et la taxe française ne concerne que les véhicules déclarés comme « camion pick-up ». Le second, et c'est perfide, consiste à supprimer une place dans les pick-up pour le proposer à la vente en quatre places. Il suffit de retirer la ceinture de sécurité et son ancrage au centre de la banquette arrière et de mettre un sticker : « Ceci n'est pas une place » comme aurait pu le faire un certain Magritte.
Devant cette affaire, pour le moins génante, les réactions du gouvernement sont plus que discrètes puisqu'à notre connaissance personne n'a réagi.