C’est un serpent de mer, une arlésienne et que sais-je ? Le contrôle technique pour tous, c'est-à-dire les deux-roues, mais aussi les voitures sans permis, est une promesse attendue par les uns, redoutée par les autres et combattue par les motards qu'ils soient en colère ou pas. Il se pourrait que cette fois ce soit la bonne ou la mauvaise. C'est un sujet brûlant, clivant qui demande de prendre du recul sur le contrôle technique aussi apprécié que le dentiste, mais tout aussi indispensable pour vérifier la santé de votre véhicule.
Le bilan du contrôle technique
Comme souvent, il faut s’extraire de l'approche individuelle pour constater les effets globaux sur le parc automobile de l'Hexagone.
Dans la période de crise inflationniste que nous vivons, la voiture peut rapidement se transformer en gouffre et insidieusement, le réflexe de l'automobiliste est de rogner sur l'entretien et donc inéluctablement sur la sécurité, mais aussi sur la protection de l'environnement.
Les trois premières raisons qui entraînent une contre-visite sont :
- les feux, les dispositifs réfléchissants et les équipements électriques
- Essieux roues, pneus, suspensions
- Nuisance (pollution et bruit)
Si on se focalise sur le caractère obligatoire du contrôle technique et sa récurrence, on peut se perdre dans les discours où les automobilistes deviennent la vache à lait de l’État. C'est pourtant oublier un effet factuel de ces contrôles sur la sécurité et la pollution. Les usagers de la route ne sont plus confrontés à des voitures « poubelles » qui sont un risque pour tous.
Une conséquence plus discrète, mais bien connu des spécialistes, c'est l'exigence de qualité et de durabilité des pièces qu'il a entraîné. Les constructeurs ont dû revoir leur modèle pour éviter la mauvaise publicité de modèles refusés régulièrement à cause de pièces s'usant trop rapidement.
C'est aussi une prise de conscience pour les automobilistes qui se traduit dans les chiffres : seulement 20,9 % des véhicules doivent passer une contre-visite !
Il reste évidemment le coût du contrôle technique et les éventuelles réparations qui pourraient voir leurs montants décoller avec l'augmentation du coût de pièces de rechange. La solution des pièces automobiles recyclées devrait se démocratiser et offrir un bol d'air frais aux consommateurs.
Pour Mon Agence Automobile.fr, le contrôle technique est un moyen qui nous permet aussi de garantir des véhicules d’occasion de qualité aux acheteurs, en pouvant attester d'un entretien régulier du véhicule. Jusqu’alors, les deux-roues et les voitures sans permis bénéficiaient d'un passe-droit... Il semble que cette époque soit cette fois définitivement révolue après le retour du Conseil d’État.
L'obligation du contrôle technique : le Conseil d’État sans concession
L'année dernière, le gouvernement annonçait l'obligation du contrôle technique pour les motos et les voitures sans permis avant de suspendre le décret d’août 2021 qui stipulait :
A compter du 1er janvier 2023, les véhicules motorisés à deux ou trois roues et les quadricycles à moteur font l'objet d'un contrôle technique
Le président de la République aurait personnellement décidé de cette suspension, préférant se préserver du courroux des motards et subir celui des associations de sécurité routière et de défense de l'environnement.
L'idée n'est pas de jeter la pierre à nos amis motards. Objectivement, la plupart d'entre eux sont des passionnés : ils prennent soin de leurs motos car ils sont particulièrement sensibles à l'entretien de leurs deux-roues, une condition sine qua none a leurs survies sur les routes. Le problème vient surtout des amateurs du dimanche tombés sur la petite 125 ou sur le scooter ultra puissant et bruyant sans parler des kits plus ou moins homologués. Pour les voitures sans permis, l'idée que ce n'est pas vraiment une voiture fait que l'entretien est souvent laxiste ou secondaire. Imposer un contrôle technique, c'est aussi imposer des normes, notamment environnementales.
La problématique, c'est que cette loi, imposée par l'Union européenne pour standardiser les règles de circulation sur l'ensemble des pays membres qui ont, pour la plupart, adopté le contrôle technique des deux-roues, n'est toujours pas imposée en France.
Le Conseil d’État vient de rendre publique sa conclusion non sans tancer le Gouvernement : « Le Gouvernement n'a ni renoncé à tout contrôle technique (...) ni mis en œuvre de mesures de sécurité alternatives qui pourraient (...) justifier d'y déroger. La mise en place du contrôle technique des deux-roues ne peut être décalée au-delà du 1er octobre 2022. Compte tenu du délai nécessaire pour la mise en œuvre matérielle du contrôle technique, un report d’entrée en vigueur, pour les véhicules les plus anciens, au-delà du 1er octobre 2022, n’est pas justifié. Pour ces raisons, il suspend aujourd’hui le calendrier décidé par le Gouvernement ».
De son côté, le Gouvernement attend le résultat de sa procureure qui souhaite mettre en évidence des solutions alternatives à ce contrôle technique afin que l'UE la libère de cette obligation. On trouve, dans cette procédure, l'auto-collant « attention angles morts » sur les poids lourds ou une « prime pour l’achat d’un deux-roues électrique ». Chacun jugera de l'efficacité de ces solutions alternatives.
En attendant, un nouveau rebondissement, l'étau se resserre..