Alors que l'ombre de Takata continue de hanter les constructeurs de la planète, le système airbag et son fonctionnement restent inconnus à la plupart d'entre nous. Si l'accident industriel Takata jette l’opprobre sur ce système de sécurité passif, il faut rappeler que ce n'est pas le système qui est en cause, mais sa conception par le fabricant et le temps de réaction des constructeurs sont remis en question : nous attendrons le résultat des procès qui sont en cours pour voir plus clair dans une histoire aussi trouble que complexe qui ouvre l'éternel débat entre la rationalité économique et l'exigence de la sécurité du consommateur. Cette histoire ne doit pas vous faire désactiver le système d'airbag de votre voiture, sauf évidemment pour le siège enfant : il sauve des vies et évite des blessures graves.
L'histoire du airbag
L'histoire du Airbag est américaine et nous plonge dans les années 50. Ford et GM cherchent à développer le brevet d'un certain John Hetrix pour le décliner dans leurs voitures. L'idée était de génie, mais le cousin gonflable de John Hetrix souffrait de son système de gonflage qui ne pouvait pas s'adapter aux voitures de l'époque. Pour l’anecdote, l'URSS équipa en 1966 la sonde Luna 9 et Luna 13 d'un système complet « d'airbag ».
Les deux constructeurs américains ont cru à l'idée tout en faisant montre d'une grande patience. En effet, il a fallu attendre 16 ans pour que le détecteur d'impact soit inventé par Allen K.Breed.
C'est en 1972, donc 22 ans après le brevet de John Hetrix, que le premier airbag est installé dans une voiture de série construite par Chevrolet avec l'ambition de remplacer la ceinture de sécurité. Cinq ans après, le système est abandonné car sa fiabilité et son efficacité n'avaient rien à envier à Takata à la nuance près que l'Airbag en était à son balbutiement. De l'autre côté de l'Atlantique, le Vieux Continent travaille sur une version d'Airbag qui vient s'ajouter à la ceinture de sécurité au lieu de la remplacer.
C'est Mercedes qui annoncera la commercialisation, en option, d'un airbag frontal sur la Classe S – W126 en 1981. Cette fois, c'est la bonne : l'airbag va se décliner dans le monde de l'automobile haut de gamme puis, peu à peu, se démocratiser avant d'envahir l'ensemble de l'habitacle ; airbag latéraux, airbag frontal dissocié en deux parties : torse et genoux, l'airbag dit «rideau» situé entre les deux sièges arrières et au-dessus des vitres. Toutefois, ce n'est pas parce que l'airbag est devenu une norme qu'il est pour autant obligatoire. Son efficacité en fait un élément indispensable notamment pour passer les crash-tests et décrocher les fameuses cinq étoiles Euro NCAP.
Comment fonctionne un airbag ?
Le cœur du « module de coussin gonflable », appellation française, est le boîtier électronique et les capteurs qui sont positionnés aux endroits stratégiques de la voiture. Le boîtier est généralement installé au niveau du levier de vitesse. Les capteurs servent à calculer la vitesse de l'impact, la taille de l’objet percuté ou percuteur, l'endroit où a lieu le choc, l'angle de la voiture, etc. Si les critères prédéfinis par le constructeur et le législateur sont atteints l’airbag où les airbags vont se déclencher.
Le déclenchement de l'airbag va propulser du gaz dans le ballon : le type gaz dépend du type de générateur qui peut fonctionner par explosion, les générateurs pyrotechniques, les hybrides qui vont utiliser deux types de gaz et ceux à gaz à froid. Les trois méthodes sont efficaces et présentent des inconvénients différents : l'ouverture par explosion peut engendrer des brûlures légères et le bruit peut abîmer les tympans quant au générateur à gaz froid, le risque, c'est la fuite du gaz. Le contrôle est donc essentiel tout au long de la vie du véhicule afin de maintenir le réservoir à air hermétique.
A quel moment s'ouvre un airbag ?
Si vous avez déjà fait l'expérience d'un nid de poule pris un peu rapidement, vous avez remarqué que l'airbag ne s'ouvre pas alors qu'il suffit d'un choc entre 25 et 30 km/h pour le libérer. C'est le calculateur qui en quelques millisecondes va déceler l'endroit du choc, mais aussi l'inclinaison de la voiture : en situation de tonneaux, les airbags vont s'activer avant même le premier choc, car le calculateur va juger que l'inclinaison indique que la voiture est dans une posture qui demande de protéger le conducteur et ses passagers. C'est pour cette raison qu'on parle d'un module « airbag » car le ballon seul ne sert strictement à rien sans le calculateur, les détecteurs, le système d'allumage, etc.
Airbag : les chiffres
En moyenne, il faut de 35 à 150 millisecondes pour que l'airbag conducteur et passager se gonflent entièrement : c'est le temps d'un clignement d’œil ! Les autres airbags mettent de 5 à 50 millisecondes pour s'ouvrir. La sécurité routière a calculé le temps d'arrêt moyen (de la vitesse d'origine à zéro) d'un véhicule impliqué dans un choc frontal : 10 secondes. L'airbag en lui-même contient de 30 à 160 litres selon sa position dans l'habitacle.